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ŒUVRES DE FONTANES.

« Ces feux dont je rougis et mourrai la victime…
« Qu’ai-je dit ? quelle horreur ! je frémis, et je vois
« La nature et l’amour s’indigner contre moi.
« Chaste Phébé, recule, et que ton front pâlisse !
« Mer profonde, ouvre-toi ! que ton sein m’engloutisse
« Et que bientôt la mort puisse apaiser les feux
« D’un cœur plus agité que tes flots orageux !… »


arrivée des gaulois[1].

 Cependant un navire à la voile étrangère
S’avançait vers le port d’une course légère,
Et de son pavillon aussi blanc que les lis,
Un vent propice et doux a gonflé les replis.
Les rameurs se hâtaient, et leurs bras en cadence
Font sous leurs coups égaux retentir l’onde immense.
Enfin, jusques au port le vaisseau parvenu
S’arrête, et cent guerriers au visage inconnu,
Mais fiers, mais attestant une illustre origine,

  1. Marseille fut fondée, comme on sait, environ 600 ans avant J. C. par une colonie de Phocéens. L’ingénieuse fiction à laquelle ce fait historique a donné naissance fournissait à l’auteur le moyen de rattacher les souvenirs et la gloire nationale à l’action de son épopée. Il comptait faire prédire les destinées futures des Gaulois, dont il raconte si bien la poétique origine, et il avait à cet égard une conception qu’il n’a point communiquée, mais qui devait, disait-il, servir avec bonheur au dénouement du poëme.