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LA GRÈCE SAUVÉE.

Il Est, Fut et Sera : c’est ainsi qu’il se nomme.
Le jour, où dans sa gloire il admet un grand homme.
Se grave en lettres d’or dans son livre éternel,
Et des jours de l’Olympe est le plus solennel.

 Phébus chante, et sa voix doucement cadencée
A de son père même enchanté la pensée ;
Les Dieux sont réjouis par cet hymne divin,
Que la voix d’un mortel voudrait redire en vain.
Dans la coupe d’Hébé, jeune épouse d’Hercule,
Bientôt de main en main l’allégresse circule.
Sur un trône éclatant le nouveau demi-dieu
Jouit de son triomphe, et d’un dernier adieu
Saluant Thémistocle, en ces mots l’encourage :

 « Défenseur de la Grèce, achève ton ouvrage ;
Dans l’Olympe avec nous mérite de monter ;
Mais par de longs malheurs il faudra l’acheter.
Si ton pays ingrat oubliait tes services,
Qu’Athène, en déplorant ses longues injustices,
Dise un jour : Thémistocle, errant, persécuté,
De ses concitoyens qui l’avaient rejeté
Gardant au fond du cœur la mémoire chérie,
Aima mieux s’immoler que trahir sa patrie. »

 Le demi-dieu se tait : tout s’efface, tout fuit,
Les songes vrais et faux sont rentrés dans la nuit.
Au bord du gouffre obscur le héros se retrouve,
Étonné des transports qu’en secret il éprouve.
Il a rejoint la foule, il porte dans ses traits