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ŒUVRES DE FONTANES.

Telle qu’on peint la Nuit, une femme éplorée,
Entre deux jeunes fils, pleurait Léonidas ;
C’est Amyclé, c’est elle ; il lui tendait les bras :
Voici qu’au même instant le Monarque suprême
Agite de son front l’immortel diadème ;
Sa voix se fait entendre à l’Olympe assemblé ;
L’aigle qui tient la foudre a lui-même tremblé ;
Les Dieux baissent leur front ; tous les mondes frémissent ;
Et sur la terre enfin ces accents retentissent :

 « Terre ! console-toi ; Cieux ! réjouissez-vous ;
« Et toi, cesse, Amyclé, de pleurer ton époux !
« Qu’on invoque son nom, le Ciel est sa conquête,
« Et que d’un nouveau Dieu Sparte ordonne la fête ! »

 Ces accents ont de Sparte adouci les chagrins :
Amyclé lève au ciel des regards plus sereins ;
Elle embrasse les fils dont l’aspect la console,
Et répète avec eux la céleste parole.
Léonidas les voit, il veille sur leurs jours,
Et son rang chez les Dieux est marqué pour toujours.

 Dans un cercle étoilé qui rayonne autour d’elle.
L’Éternité repose à jamais jeune et belle :
Sous ses pieds sont le Temps, l’Espace et le Destin.
Des soleils, qui n’ont plus de soir ni de matin,
Couvrent d’un même éclat son trône inaltérable ;
Sa main, dans une langue à l’homme impénétrable,
En triangles tracé le nom mystérieux
Du Dieu qui de son sein enfanta tous les Dieux :