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ŒUVRES DE FONTANES.

Achille s’applaudit, en calmant sa colère.
D’être immortalisé par la lyre d’Homère.

 Cependant Thémistocle admire et suit des yeux
L’un et l’autre Immortel dans leur cours glorieux.
Frappé de tant d’éclat, il s’étonne, il se trouble ;
Mais un Dieu le soutient et sa force redouble,
Et de l’Olympe ouvert jusqu’en ses profondeurs
Ses regards affermis soutiendront les splendeurs.
Le char divin, roulant sur la voûte éthérée,
Brille plus que les feux dont la nuit est parée ;
Il a franchi Mercure, et Mars, et Jupiter,
Et doucement porté sur les flots de l’Éther,
Atteint, en traversant leur cristal diaphane,
L’étoile des Gémeaux et celle d’Ariane ;
Et, par delà Céphée et l’Ourse et le Dragon,
Se perd sous d’autres cieux qui nous cachent leur nom,
Et qui peuplent de loin cette bande argentée
Qu’un long fleuve de lait semble avoir tachetée.
De près, on croirait voir des océans vermeils
Qu’ont teints de pourpre et d’or un millier de soleils.
Combien, à leur aspect, le nôtre parait sombre !
Son plus brillant midi ne serait que leur ombre.
Au fond de ces clartés dont les yeux sont ravis,
Le céleste palais montre enfin ses parvis.
Fille du roi des Cieux, protectrices du juste,
Les Prières veillaient près du portique auguste ;
La garde en est commise à leurs pieuses mains.
On ne les voyait plus, comme chez les humains,
Suivre d’un pied tremblant et l’Orgueil et l’Injure ;