Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/475

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
348
ŒUVRES DE FONTANES.

Quand son fils Télémaque eut reçu la naissance,
Et quand revint Ulysse après quinze ans d’absence.

 Dans une enceinte à part, sous un bois de lauriers,
Ceux qui n’étaient jadis que d’illustres guerriers,
À ce bonheur si pur n’ont pas droit de prétendre.
Achille armé de fer, comme aux bords du Scamandre,
S’exerçait à la course, aux jeux bruyants de Mars ;
Le fracas des clairons, des armes et des chars,
Jusqu’au sein de la paix, charme encor son idée ;
Les deux Ajax, Patrocle et le fils de Tydée,
Et Phénix et Pyrrhus se mêlaient à ses jeux.
Ainsi les passions de ce globe orageux,
Même après le trépas, montent vers leurs retraites,
Et leurs félicités sont toujours imparfaites.
Le poète fameux, sous des ombrages verts,
Marche auprès des héros illustrés par ses vers,
Et l’honneur immortel, que sa voix leur dispense,
Est de leurs nobles cœurs la noble récompense.
Ensemble ils rappelaient leurs travaux belliqueux,
Et de jeunes beautés s’égaraient avec eux.
L’amour comme la gloire embellit cet asile :
Tecmesse est près d’Ajax, Briséis près d’Achille.
Cet Achille pourtant, si fier de ses exploits ;
Est placé par Thémis au-dessous des bons rois ;
Sa vertu n’a point fait le bonheur de la terre.
Mais Codrus illustré par sa mort volontaire,
Mais Lycurgue et Minos ont passé de ces lieux
Au rang où sont admis les héros demi-dieux.