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ŒUVRES DE FONTANES.

« Fixa dans sa balance un tourment mérité,
« Dont les coupables mêmes ont connu l’équité.
« Déjà des fiers Titans les prisons étaient prêtes ;
« Le poids entier du monde accabla leurs cent têtes ;
« Ils blasphèment en vain au fond de leurs cachots,
« Jupiter est tranquille et rit de leurs complots.

 « C’en est fait : aux Enfers il n’est plus de clémence ;
« De Sisyphe toujours la tâche recommence ;
« Depuis que, sur sa roue Ixion étendu,
« Est contraint à tourner, dans les airs suspendu,
« La fureur de Junon ne s’est pas ralentie ;
« Sur neuf arpents couché, le long corps de Titye,
« Renaissant pour la faim de l’immortel vautour,
« Est par des clous de fer enchaîné sans retour.
« Des tortures sans fin puniront Salmonée,
« Danaüs et Pélops, Égisthe et Capanée.
« Les crimes, que souvent admira l’univers,
« Et que de faux dehors l’honneur avait couverts,
« Ici, dans le miroir de la Vérité sainte,
« Montrent leurs traits hideux, qu’avait masqués la feinte.
« L’Enfer les a conçus, et frémit de les voir.
« Par quels degrés honteux s’éleva leur pouvoir !
« Amoureux du désordre et des guerres civiles,
« Ils s’arment : tout succombe, ils renversent les villes,
« Et quand de leur grandeur le vulgaire est frappé,
« Ils montent fièrement sur un trône usurpé ;
« Le genre humain tremblants leurs genoux s’abaisse.
« Mais Thémis au grand jour montre enfin leur bassesse.
« Près d’eux marche l’orgueil avec la Trahison ;