Redoublait tous les ans l’amour de la patrie :
Thémistocle le sait, et veut qu’à leur départ,
Ce spectacle touchant frappe encor leur regard.
Il les rassemble tous, il se place à leur tête,
Il donne au même instant le signal de la fête ;
Lui-même a pris le soin d’en régler les apprêts.
Un grand peuple le suit, et l’auguste Cérès,
Veillant sur ce héros que la Grèce contemple,
À ses mystères saints l’admettra dans son temple.
La marche a commencé : douze taureaux choisis
Déjà trainent le char roulant vers Éleusis ;
De Cérès au-dessus on plaça la statue :
Un voile éclatant d’or la dérobe à la vue,
Le Calathus en pompe autour d’elle est porté ;
Des femmes, deux à deux, marchant à son côté,
Promenaient tour à tour dans le jonc des corbeilles
Le lait de la génisse, et le miel des abeilles,
Et la laine, et le lin, et les gâteaux sacrés.
D’héroïques soldats, de leurs armes parés,
D’une triple barrière environnent les prêtres ;
Et ces groupes pieux, ou guerriers, ou champêtres,
Ensemble confondus, mêlent à chaque pas
Les pompes de la paix à celles des combats.
Partout on entendait les flûtes de Lydie
Joindre au luth dorien leur douce mélodie ;
Souvent, par intervalle, en sons entrecoupés,
Des instruments d’airain sur l’airain sont frappés.
Ainsi se déployait la marche triomphante.
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ŒUVRES DE FONTANES.