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ŒUVRES DE FONTANES.

Sans cesse autour de nous les ennemis renaissent,
Sans cesse autour de nous tombent les ennemis.

 Deux chefs dont les aïeux servaient Sémiramis,
Aujourd’hui souverains des peuples de l’Euphrate,
Le superbe Oroës, le robuste Phradate
D’Alphée et de Maron osent braver les coups ;
Ils ont mordu la poudre, et leur âme en courroux
Rejoint aux sombres bords les vieux rois d’Assyrie.
Bélus s’est console de sa gloire flétrie,
Quand par ses successeurs, dans le fond des enfers,
Du trône de Cyrus il apprend les revers.

 Alors des immortels la troupe s’épouvante,
Ils fuyaient ; mais, caché dans leur foule tremblante,
Un Mède a pris son arc, il le courbe, et son bras
De loin dirige un trait contre Léonidas.
L’arc résonne, et la flèche, à son but infidèle,
Fuit, et siffle, et fend l’air qui frémit autour d’elle.
Le roi n’est point atteint ; mais elle frappe, hélas !
Le front du vieux Ilote attaché sur ses pas,
De son digne affranchi, du fidèle Sergeste,
Qui trois fois à Némée obtint le prix du ceste.
L’infortuné succombe, et d’un œil attendri
Cherche encor le guerrier dont il était chéri.
Il a béni son maître à son heure dernière,
Heureux, en recevant la pointe meurtrière,
De voir par son trépas un héros protégé !
Léonidas gémit et l’a déjà vengé.
Trois héros d’Orient, Taxile, Assur, Otanes.