Le fidèle Argien ne nous a point trompés.
Par d’innombrables voix les échos sont frappés ;
Les Perses s’avançaient : leur foule réunie
Fait sous sa masse au loin gémir la Trachynie ;
Autour d’eux leur présence affame vingt états,
Leur soif a desséché tous les flots du Dyras.
Xerxès nous croit vaincus ; son œil avec surprise
Découvre notre camp, nous compte et nous méprise.
L’insensé voit le nombre et non pas la valeur
Que dis-je ? eût-on prévu cet excès de hauteur ?
De sa part jusqu’à nous un envoyé s’avance,
Il ose à notre roi, qui l’écoute en silence,
Demander son épée, et pour un si grand don
Promettre à tous les Grecs un insolent pardon :
Tous les Grecs indignés en ont frémi de rage.
Léonidas sourit, et bravant cet outrage ;
« Pars, dit-il, que ton roi, suivi de tous les siens,
« S’apprête à m’enlever ces armes que je tiens,
« Qu’il arrive ! il verra si je sais les défendre
« C’est à lui-même ici que ma main veut les rendre. »
Aussitôt du combat il règle les apprêts :
On a tendu les arcs, on aiguise les traits, ’
Chacun saisit sa lance, et, parfumant sa tête,
Se couronne de fleurs comme au jour d’une fête ;
Tel est l’usage admis chez nos braves aïeux.
Nos lois veulent aussi qu’en tout temps, en tous lieux
Le roi qui nous commande, aux Muses protectrices
Offre, avant le combat, de riants sacrifices.
Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/433
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
306
ŒUVRES DE FONTANES.