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ŒUVRES DE FONTANES.

Aux champs de la Locride en cinq jours parvenus
Nous atteignons enfin les remparts d’Alpénus,
Et ces bords resserrés dont la mer est prochaine,
Où des sommets d’Œta finit la longue chaîne.

 Là, s’arrêtent nos pas ; et près des tièdes eaux
Que la nature épanche au pied de ces coteaux,
Le ciel même a guidé nos légions dociles ;
Le ciel nous a commis ce pas des Thermopyles,
Ce périlleux sentier qui, funeste aux tyrans,
Doit de l’Asie entière arrêter les torrents.
Un seul char attelé n’y roulerait qu’à peine.
Non loin, l’épais limon de la liquide plaine,
Par les ans entassé, forme d’affreux marais ;
Et de ces flots dormants, des rocs et des forêts,
Il faut que l’ennemi, pour entrer dans la Grèce,
Force, en nous abattant, la triple forteresse.
Le roi trace son camp, et, pour le garder mieux,
Joint les secours de l’art à la faveur des lieux.
Jadis, près de l’enceinte où sa tente est dressée,
Une large muraille, aujourd’hui renversée,
Des fiers Thessaliens réprimant les complots,
Contre eux de la Phocide assurait le repos ;
Ce rempart abattu, notre main le répare,
Et nous l’opposerons aux efforts du Barbare.

 Cependant notre cause a trouvé des soutiens ;
Tégée à nos drapeaux unit déjà les siens ;
Déjà viennent nous joindre Orchomène et Platée.
Et toi, jeune héros, magnanime Aristée,