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ŒUVRES DE FONTANES.

« Le ciel, qui veut qu’un jour nous revivions ensemble,
« Ne te laisse pas seule en t’éloignant de moi,
« Et deux Léonidas resteront près de toi. »

 Il dit, et s’immolant au devoir qui l’entraîne,
Fuit, se dérobe aux pleurs de ses fils, de la reine,
Et ne respire plus que la soif des combats.
Un casque est sur son front, sa lance arme son bras,
Il prend ce bouclier, paternel héritage,
Que les enfants d’Hercule ont porté d’âge en âge,
Présent des Immortels, où Vulcain autrefois
Du fils de Jupiter grava les douze exploits.
C’en est fait, nous partons : jamais mon œil encore
D’un si paisible éclat ne vit briller l’aurore.
Le roi devant nos pas s’avançait fièrement :
Le ciel semble applaudir son noble dévoûment,
Le ciel autour de nous resplendit sans nuages.

 Du charmant Eurotas nous suivons les rivages,
Le fortuné Taygète à nos yeux vient s’offrir,
Quand vers nous à l’instant nous voyons accourir
Nos filles, et nos sœurs, et nos tendres compagnes ;
Tel parait un essaim des nymphes des montagnes.
Chacune vole aux bras d’un père ou d’un époux.
Leurs traits, un jour d’hymen, semblent encor moins doux
Elles n’osaient verser des pleurs pusillanimes ;
Leurs regrets sont mêlés de conseils magnanimes,
Et d’avance leurs voix, comme aux héros fameux,
Nous promettaient des fleurs, des hymnes et des vœux.
Bientôt, chantant les vers de ce divin poëme