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ŒUVRES DE FONTANES.

Pour la première fois étonnera la Grèce ;
Tous deux charmants, tous deux nés dans le même jour,
Ils ont les mêmes traits comme le même amour,
Et souvent le regard de leur mère incertaine,
Doucement abusé, les distinguait à peine.
Mais l’hippodrome s’ouvre : on voit en même temps
Sur leurs rapides chars monter les combattants.
Tout est prêt : à leurs mains les rênes obéissent,
Et les fouets déployés à grand bruit retentissent.
Cependant le coursier, provoquant son rival,
Par ses hennissements demande le signal,
Bat la terre, gémit, s’agite, se tourmente,
Et ronge un frein blanchi dans sa bouche écumante.
Des chars même, des chars prêts à se défier,
L’impatient essieu ne cessait de crier.
Mais, ô moment d’espoir, et de crainte et d’ivresse !
La trompette a sonné, la barrière s’abaisse,
Dans l’arène à la fois les hardis combattants,
De grâce et de jeunesse et de gloire éclatants,
Volent, roulent, cachés dans des flots de poussière.
Telle, et moins prompte encor la foudre prisonnière
Du nuage enflammé, qui noircit l’occident,
S’échappe avec l’éclair, tombe et frappe en grondant.
Au bruit des chars, aux voix qui partout retentissent,
Du fleuve Alphée au loin les rives applaudissent :
Les forêts de l’Altis et les cieux ont tremblé.
Cependant, sous les yeux d’un grand peuple assemblé,
À travers mille cris, l’athlète magnanime,
Penché sur ses chevaux, de sa voix les anime,
Ou d’un vif aiguillon il leur presse le flanc.