L’aurore enfin parait : quel spectacle éclatant !
Quel beau jour ! On s’assied ; la Grèce tout entière
Frémit impatiente autour de la barrière.
C’est là qu’on couronnait avec solennité
Ou l’adresse, ou la force, ou la légèreté.
Vingt héros ont paru dans cette lice antique.
Hercule y fut vainqueur ; le temps, la politique,
D’illustres souvenirs, les oracles des Dieux,
Ont consacré ce jour à jamais glorieux.
Des plus grands sénateurs la sagesse y préside ;
Deux illustres rivaux, Thémistocle, Aristide,
Les premiers au combat, les premiers au conseil,
Ont de ce jour illustre ordonné l’appareil.
À d’obscurs citoyens ils doivent leur naissance :
Seuls ils ont fait leur sort ; on les vit dès l’enfance
Suivre un parti contraire et différer toujours.
Mais l’État en péril réclame-t-il secours,
Ennemis généreux, oubliant leur querelle,
Ils marchent réunis quand sa voix les appelle.
Thémistocle est superbe, actif, ambitieux,
Il eût rendu célèbre en tout temps, en tous lieux,
Et le peuple, et l’empire où le ciel l’eût fait naître.
Son siècle, déjà grand, par lui seul eût pu l’être.
Il pense en politique, il agit en guerrier,
Fait pour le premier rang brille encore au dernier,
Joint l’art à la grandeur, la prudence à l’audace,
Et change de talent quand il change de place ;
Dans Athène, à la cour, il sut être à la fois
Et souple avec le peuple, et fier avec les rois.
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ŒUVRES DE FONTANES.