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LA MAISON RUSTIQUE.

Des vieillards attentifs ont gagné les suffrages.

 Sur des tons variés Homère dit encor
Et le grand Jupiter, et cette chaîne d’or
Qui, du puissant Destin mystérieux emblème,
Suspend à ses anneaux le monde et les Dieux même.
Il prépare à Junon un bain délicieux,
Dont les flots odorants ont parfumé les cieux.
Grâce à lui, la déesse a reparu plus belle.
Il lui prête à dessein cette écharpe immortelle,
Qui renferme en ses plis, et le désir ardent,
Et l’aimable refus qui combat en cédant,
Et les jeux, et les ris, et ce tendre langage
Dont l’invincible attrait peut dompter le plus sage.
Tout-à-coup un nuage, aux plus riches couleurs,
Qui verse en gouttes d’or la rosée et les fleurs,
Au sommet de l’Ida s’abaisse et se repose.
Des touffes de lotos, d’hyacinthe, et de rose,
Soulèvent de Junon les immortels appas ;
Un Dieu, vaincu d’amour, la retient dans ses bras,
Et bientôt, sur les yeux de l’époux qu’elle abuse,
Descend le doux Sommeil, complice de la ruse.

 Homère enfin s’arrête, et son humble rival
Reprend les chalumeaux et le chant pastoral.
Il dit le laboureur, ses pénates d’argile,
Ses vœux si modérés, son bonheur si facile ;
Les saisons qui pour lui font couler à longs flots
Et le miel de l’Hymette, et le vin de Biblos.
Aux champs règnent les mœurs ; là, Vénus toujours pure,