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ŒUVRES DE FONTANES.


 Ainsi chantait Homère, et ses nobles récits
Plaisent aux fiers enfants des héros de Chalcis ;
De ces tableaux surtout la jeunesse est charmée.

 Hésiode, à son tour, quand l’ivresse est calmée,
Se lève et se recueille, et chante un air plus doux
Que l’Hélicon fidèle transmis jusqu’à nous :

 Quand le taureau céleste a paru dans les nues,
Quand les filles d’Atlas, après lui revenues,
Montrent leurs sept rayons au nord du firmament,
Moissonneur, hâte-toi ! jette ton vêtement ;
Abats les épis mûrs sous de larges faucilles ;
Et lorsque ont disparu ces éclatantes filles
Dont le père immortel soutient le poids des cieux,
Plonge au sein de la terre un soc laborieux.
Travaille, un Dieu l’ordonne : obtiens sa bienveillance ;
Son cœur s’est endurci pour l’oisive indolence ;
Cérès, protège-nous ! L’or germe sous tes pas,
Ta paisible équité fait fleurir les États.
Bienfaitrice du monde, écoute nos prières !
Viens calmer des héros les fureurs meurtrières ;
Les plus longs différends par toi sont assoupis ;
Les troncs des bons rois s’ornent de tes épis ;
Ton empire est sans trouble, et ta faulx recourbée,
Mieux qu’un glaive sanglant, illustrera l’Eubée ;
En tout âge, en tout lieu, tes libérales mains
Ont réparé les maux que Mars fit aux humains.

 Hésiode se tait, et ses douces images