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LA MAISON RUSTIQUE.

Sa force est dans la ruse, et les vols sont ses jeux ;
Ainsi que les brigands, il aime les ténèbres.
Les attentats du fourbe au hameau sont célèbres ;
Autour de l’humble ferme il a rôdé sans bruit ;
Et lorsque, mesurant les heures de la nuit,
Les cris aigus du coq au loin se font entendre,
Il médite le meurtre, il s’apprête à surprendre
La poule, dont le sein couve en paix ses petits
Qui de l’œuf entr’ouvert sont à peine sortis.
Il entre, égorge tout, ses meurtres sont sans nombre,
Il les transporte au loin, favorisé par l’ombre,
Rentre encore, et trainant son horrible butin,
N’interrompt sa fureur qu’au retour du matin.
Tel on peint ce brigand terrassé par Alcide,
Le difforme Cacus, dans son autre homicide
Dérobant, loin du jour, les hommes, les troupeaux :
Au seuil de l’antre affreux pendent les noirs lambeaux
Et des corps tout sanglants, et des têtes meurtries,
Dont le monstre affamé repait ses barbaries.
Le sol qu’aux environs charge un air infecté,
D’un carnage récent est toujours humecté.

 Venez, jeunes chasseurs ! protégez la chaumière
Contre cet ennemi que maudit la fermière !
Du terrier qu’il creusa reconnaissez l’abord.
Trop heureux si vos chiens l’ont surpris dans son fort !
Que les hardis bassets en assiègent l’entrée :
La tortueuse enceinte est par eux pénétrée ;
La forme de leurs pieds a servi vos desseins.
Si, las d’exécuter ses nocturnes larcins.