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ŒUVRES DE FONTANES.

Diane à ses combats invite votre audace.

 Déjà, dans les enclos préparés pour la chasse,
Les hôtes de ces bois sont par vous renfermés.
De serpolet, de thym ces gazons parfumés
Tapissent la garenne où s’agite ans cesse
Du fièvre emprisonné l’inutile vitesse :
Un mur retient l’essor de ses pas vagabonds.
Dans ce taillis voisin, m’amusant par leur bonds,
Des daims et des chevreuils les douces colonies
S’égarent au hasard, ou paissent, réunies ;
Des biches sont plus loin, et le roi leur époux
Lève un front couronné qui les domine tous.
Innocentes tribus qu’en ces lieux on rassemble,
Hâtez-vous de jouir, de folâtrer ensemble,
Multipliez vos jeux, vos courses, vos festins,
Charmez par vos amours vos rapides destins ;
J’entends déjà les cris de la même affamée.

 Toujours par les héros la chasse fut aimée.
Mais s’il est glorieux d’accompagner leurs pas
Dans ce noble exercice, image des combats,
Ce n’est point quand des bois le monarque paisible
Vaincu, pleure aux genoux du veneur insensible ;
C’est quand la force et l’art, au fond de ces halliers,
Frappent d’un coup mortel les hideux sangliers ;
C’est quand le loup gorgé du sang de ses victimes
Vient devant le bercail expier tous ses crimes.

 Le renard moins haï n’est pas moins dangereux ;