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LA MAISON RUSTIQUE.


 Mais ces bois qui du trône ont accru l’héritage,
D’un sujet, quel qu’il soit, ne sont point le partage ;
Et de moindres forêts sur-ont vous plaire encor.
Ne les dégrades point, ménagez leur trésor.
Que toujours, s’entourant d’une race nombreuse,
Dodone élève en paix sa tête vigoureuse,
Et livre à vos foyers ses bienfaits renaissants.
Abattez sans détruire, et plantez tous les ans.
Tel Sully gouverna ses forêts paternelles ;
S’il condamnait au fer leurs tiges les plus belles,
Il t’en portait le prix, ô Bourbon ! ô grand roi !
Et payait tes soldats aussi pauvres que toi.
Que des Grands à l’état le luxe soit utile.

 Voulez-vous qu’en tout temps ce pompeux domicile,
Ce parc que vous ornez, intéresse vos yeux ?
Occupez sagement vos jours laborieux.
Gouvernez les moissons, présidez aux vendanges,
Surveillez vos pressoirs, vos bercails et vos granges.
Lorsque Montmorency, fameux sous quatre rois,
Fut par l’exil enfin puni de ses exploits,
Aux murs de Chantilly suspendant sa cuirasse,
Il ne murmura point d’une injuste disgrâce,
Et, noble laboureur, comme les vieux romains,
Il cultiva les champs défendus par ses mains.
Ces travaux ont leur charme, et sous un toit tranquille,
Le plaisir règne aux champs aussi bien qu’à la ville.

 Quand des astres plus doux, tempérant les chaleurs,
Ont ramené l’automne aux changeantes couleurs,