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LA MAISON RUSTIQUE.

De loin, aux vieux amis font un riant accueil ;
Elles plaisent sans art, et leur simple élégance
Redoute également le faste et l’indigence.

 Oh ! si la destinée, avant mon dernier jour,
Accordait à mes vœux un semblable séjour !
Des amis quelquefois daigneraient y descendre.
Je crois déjà le voir, ce peintre aimable et tendre,
Florian, de Gessner et disciple et rival ;
Pour lui s’est élevé le trône pastoral :
Un siège de gazon et l’attend et l’appelle.

 Ô Parny ! vous rendrez ma retraite plus belle ;
Reposez-vous enfin, n’affrontez plus les mers ;
Chantez, et mes bosquets garderont vos concerts.
De Tibulle en vos mains le luth résonne encore :
S’il se peut, sur vos pas menez Éléonore ;
Puisqu’elle aime vos vers, elle aime aussi les champs.

 Puis-je vous oublier, vous dont les soins touchants
Et l’amitié fidèle et le constant suffrage,
Ont dans les jours de deuil relevé mon courage ?
Langeac, vous qui peignant cet immortel Génois
Des chaînes de Colomb faites rougir les rois.

 Quittez pour un moment ce nouveau sanctuaire
Où vous rendez aux arts un flambeau nécessaire,
La Harpe ! et mêlez-vous à nos champêtres jeux.
Vous avez reproduit ce tragique fameux,
Qui peignit : un héros délaissé dans son île ;
En louant Fénelon, vous avez pris son style ;