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ŒUVRES DE FONTANES.

Il meurt, et de son sang a noirci la verdure ;
Il meurt, quand sur le thym ses compagnons heureux,
Par l’aurore égayés, l’invitaient à leurs jeux.
Plus bas est un pasteur : ses brebis confondues
Vous présentent de loin, aux coteaux suspendues,
D’un nuage argenté la mobile blancheur.
Dans ces prés se promène un robuste faucheur :
L’herbe tombe, et s’entasse en monceaux divisée ;
Souvent frémit la faux sur la pierre aiguisée.
Midi vient, tout se tait. Le soir, ô doux moment !
Quand les bœufs dételés reviennent lentement,
Tous les troupeaux divers courent aux bergeries ;
Leurs sourds mugissements errent dans les prairies,
Et saluant au loin le déclin du soleil,
Appellent sur vos yeux la nuit et le sommeil.
Peindrai-je du fermier la nombreuse famille
Rassemblant les épis tombés sous la faucille,
Et les chars, à grand bruit, de gerbes couronnés,
Et sous un ciel plus doux les raisins moissonnés,
Et les folâtres jeux que la vendange amène ?
Peut-être devant vous, d’une marche incertaine,
Deux amants se perdront au sein de la forêt :
Pardonnez à l’amour, et gardez leur secret.
Ce sont là vos Vernets, vos Poussins, vos Albanes.

 Faites plus : que non loin des rustiques cabanes,
Le goût, ami des champs, construise à peu de frais
L’hermitage où vos jours s’écouleront en paix.
La maison de Socrate en sera le modèle ;
Consacrez au repos cet asile fidèle.
Les Grâces au front gai, se jouant sur le seuil,