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ŒUVRES DE FONTANES.

Et l’arbre de Minerve adoucit les humains.
Sur nos bords, à son tour, Marseille policée
Reçoit les fruits, les arts et les mœurs de Phocée.
On fixe les enclos, on établit des lois :
Quand César eut l’honneur d’asservir les Gaulois,
Le blé parait nos champs, le raisin nos collines,
Et des eaux de Sextus les campagnes voisines[1]
Voyaient l’huile à longs flots couler de tous côtés ;
L’olive du Vénafre eut des sucs moins vantés ;
Et même de ces fleurs dont Hybla se couronne
Le miel était moins pur que celui de Narbonne.

 Toujours l’antique Asie enrichit l’univers.
Les héros de l’Europe, en traversant les mers,
Un jour, dans l’Orient sin-pris de leur courage,
Iront du Saint-Tombeau venger le long outrage.
Un Français les conduit : si leur zèle enflammé
Par la froide raison fut souvent trop blâmé,
Du moins ils ont porté dans les champs de leurs pères
D’utiles arbrisseaux, des plantes étrangères ;
Ils n’ont pas vu sans fruit les plaines de Damas,
Le Nil et le Jourdain, et ces riches climats
Où le sol vigoureux est moissonné sans cesse,
Et, vieux de six mille ans, brille encor de jeunesse.
C’est ainsi que la guerre expiant ses forfaits,
Toujours à ses fléaux mêle quelques bienfaits.
Le temps amène enfin le siècle du génie :
Pomone t’attendait, docte La Quintinie !
Son art chez nos aïeux fut longtemps retardé,

  1. Aix : Aquæ-Sextiæ.