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ŒUVRES DE FONTANES.

Confond les savants même, étonnés de ses jeux,
Renouvelle l’année, et va dans chaque tige
De son pouvoir fécond varier le prodige.
Ses effets sont connus, son principe est caché ;
Le Pline suédois vainement l’cherché.
Quel organe inconnu fait croître chaque plante ?
Ainsi que l’animal serait-elle vivante ?
Elle vit en effet par sa fécondité.
Si l’animal renaît dans sa postérité,
Le végétal aussi reproduit son semblable ;
Les races passeront, l’espèce est immuable.
Dans son germe immortel chaque être est tout entier ;
Le premier de sa race a transmis au dernier
Un trait sûr et distinct qui jamais ne s’altère.
L’homme existe caché dans le sein de sa mère ;
Le chêne est dans ce gland, nous l’en verrons sortir ;
Telle est la loi du ciel, et, sans la démentir,
Tous les sucs que la terre au printemps développe,
En élevant le cèdre, ont abaissé l’hysope.
L’auteur de ce prodige en a seul le secret.

 Toutefois sous nos mains l’arbre de la forêt
Corrige avec le temps sa grossière nature,
Et reçoit d’autres mœurs in force de culture.
Son germe s’adoucit, mais ne peut se changer.

 Dirai-je par quel art un hymen étranger
Féconde, en la domptant, une tige rebelle,
La couvre de ses dons pour la rendre plus belle,
Des sucs les plus amers fait des sucs bienfaisants,