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LA MAISON RUSTIQUE.

Leur prêta des vertus qu’elles n’ont pm toujours ;
Ces magiques boissons, ces philtres des amours,
Dont le charme enivrant fixait un cœur volage,
Hélas ! n’ont existé qu’aux romans du vieil âge.
Les Circés ne sont plus, et contre leurs complots
Le fabuleux Moly n’aime plus les héros.
Le suc du Népenthés distillé par Hélène
Jadis calmait le deuil, la colère et la haine ;
Aux malheureux mortels il n’est plus accordé,
Les Dieux nous l’ont repris et leurs mains l’ont gardé
Ces secrets sont perdus ; mais l’herbe du Centaure
Conserva ses honneurs à la cour d’Épidaure ;
Machaon, Podalire imploraient son secours,
Et la fièvre étonnée interrompait son cours,
Avant que, de leur art étendant le domaine,
Notre audace eut conquis l’écorce américaine.
Évitons les excès : nos maux seront légers,
Nous aurons peu besoin de secours étrangers.
Mon jardin me suffit : Hygia m’y présente
L’hysope, le fenouil, la mauve bienfaisante,
Le pavot d’où Morphée exprime sa liqueur,
L’absinthe aux sucs amers qui me rend ma vigueur,
La plante de Télèphe, et celle d’Artémise,
Et celle où de Pœon la gloire s’éternise.
Si ma tête est pesante au sortir du festin,
Je ne chercherai point un remède lointain,
La sauge est près de moi ; sa boisson parfumée
Va des mets de la veille apaiser la fumée.