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ŒUVRES DE FONTANES.

Tel se jouait Condé, tel un sage empereur
Se faisait jardinier pour trouver le bonheur.
Déjà renait le sol que cette eau désaltère :
Soleil, viens y mêler ta chaleur salutaire ;
Je vois à ton retour la sève fermenter,
Et la terre amoureuse a besoin d’enfanter.

 Ces légumes féconds, ornés de leur verdure,
S’embellissent encor d’une riche bordure.
Un long tapis de fleurs souvent court à leurs pieds ;
De la vigne à l’entour les bras sont déployés,
Un peu d’art les dirige, et le souple feuillage
Se courbe et se prolonge et s’unit au treillage.
Ici, des groseilliers les grappes mûriront,
Là, des humbles poiriers les fruits courbent le front ;
Le parfum de la fraise au-dessous la décèle.

 Indulgente à nos vœux, la féconde Cybèle
A varié sans nombre et les grains et les fruits,
Pour les besoins de l’homme à jamais reproduits.
Ce fruit est ma boisson, ce grain ma nourriture ;
Cette herbe apaisera les douleurs que j’endure.
La plus humble est souvent un dictame immortel
Qu’Esculape a choisi pour orner son autel.
Des simples qu’il chérit la culture est facile ;
Lui-même il les prodigue autour de votre asile ;
Demandez-les aux champs, aux montagnes, aux bois
Partout on les rencontre, on les cueille à son choix.
Du moins, auprès de vous placez les plus vulgaires.
Je sais que l’ignorance aux rumeurs mensongères