Qu’on recueille avec soin les cendres du foyer,
Et le mare des pressoirs, et ces feuilles jaunies,
Dans les bois dépouillés en monceaux réunies.
Tout sert au jardinier : qu’il ne dédaigne pas
Les plus grossiers rebuts des plus grossiers repas ;
Jadis Rome honorait une déesse immonde,
Qui vit plus d’une fois les souverains du monde,
De son cloaque impur rapportant les débris,
En prodiguer les sels à leurs champs appauvris.
L’art des engrais peut tout : une couche allongée
D’un fertile terreau par vos mains est chargée ;
Vers les feux du midi qu’elle tourne ses flancs ;
Sous la cloche de verre enfermez-y vos plants :
Ainsi leur frêle enfance échappe à la froidure.
Sont-ils trop resserrés dans cette humble clôture ?
Sous de larges châssis rangez-les avec soin :
De secours assidus leur faiblesse a besoin.
L’œil suivra leurs progrès : ces prisons transparentes
Doublent de Sirius les flèches pénétrantes ;
Et là, comme à travers un miroir enflammé,
Se mûrit le contour du melon parfumé.
Dès que l’été revient, que de soins il t’impose !
Ton jardin va périr si ta main ne l’arrose.
Venez, secourez-nous, sortez de vos roseaux,
Ô Nymphes, dont la fable a peuplé les ruisseaux !
Sans vous rien ne fleurit ; désaltérez nos plantes,
Quand l’été courbera leurs têtes languissantes.
Vous paraissez : la terre étend ses verts tapis,
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ŒUVRES DE FONTANES.