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LA MAISON RUSTIQUE.

Comme lui, tous les mois, tu poursuis ton ouvrage,
Et le succès attend les soins laborieux.
Il a porté le poids des astres et des cieux :
Des cieux et des saisons porte aussi l’inclémence.
Une tâche finit, une autre recommence.
Vois ce gouffre empesté : sa noire exhalaison
De Lerne jusqu’à toi fait monter le poison ;
C’est l’hydre venimeuse aux têtes renaissantes.
Eh bien ! donne un passage aux ondes croupissantes,
Coupe, abats les roseaux où le monstre est caché,
Et qu’il expire enfin sur son lit desséché !
Le terrain qu’il te cède en sera plus fertile.
Telle, au creux des fossés, sous les murs de la ville,
Une fange noirâtre a nourri quelquefois
Tous les dons du printemps pour la table des rois.
Un autre Acheloüs, s’égarant sans rivage,
Peut-être en ton enclos vint porter le ravage ;
Cours ravir à son front, en domptant ses fureurs,
La corne où sont les fruits, les pampres et les fleurs.
De moins nobles travaux sont encor profitables ;
Le fils de Jupiter nettoyait les étables,
Et leur limon fertile, entrainé par les eaux,
Portait aux champs voisins des aliments nouveaux.
Imitons cet exemple, Augias nous appelle :
De Cérès, grâce à lui, la couronne est plus belle,
Et même il a de Flore embelli les couleurs.
D’un fumier nourrissant implorons les chaleurs.
Déjà Pan nous écoute, et Palès nous seconde ;
De leurs troupeaux divers la litière est féconde.
Il est plus d’un engrais ; l’art doit les essayer.