Au sol qui les nourrit, dispensez avec choix
Les propices aspects et du jour et des mois.
Varions leur culture, interrogeons la terre,
Et n’en tirons jamais qu’un tribut volontaire.
Quels sont ces souterrains qui craignent de s’ouvrir,
Où le printemps caché s’attriste de fleurir ?
Pourquoi tous ces fourneaux renouvelés sans cesse,
Qui du frileux été raniment la paresse ?
La nature en gémit, et ne vend à grands frais
Que des fleurs sans parfum, et des fruits imparfaits.
Chaque mois à son tour vous porte ses offrandes.
Et j’attends son tribut sans hâter mes demandes.
Sous ces tièdes abris qu’on féconde avec art,
Un printemps éternel fatigue mon regard.
J’aime à suivre l’année en ses métamorphoses ;
C’est au mois de l’amour que sied l’éclat des roses,
Et même de l’hiver la lugubre couleur
Prête un charme de plus à la naissante fleur.
Ô pâtre industrieux, rustique Columelle,
La marche des saisons est ta règle fidèle ;
Et tu sais, en dépit des injures de l’air,
Dérober quelquefois des faveurs à l’hiver.
Jamais dans ton jardin la bêche n’est oisive ;
Le sol infatigable en tous temps se cultive ;
Tes plants sont toujours verts, leurs dons toujours nouveaux.
Hercule, aux douze mois égalant ses travaux,
Est de l’agriculture une vivante image ;
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ŒUVRES DE FONTANES.