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LA MAISON RUSTIQUE.

Oui, je crus qu’échappe des débris du cahos,
L’univers tout-à-coup naissant à la lumière
M’étalait sa jeunesse et sa beauté première.

 Montrez-nous maintenant, artistes trop vantés,
Vos bizarres jardins à la Chine inventés !
Oh ! si de la nature, en vos croquis burlesques,
Vous n’égalez jamais les tableaux pittoresques,
Cherchez l’ordre du moins, et que l’utilisé
Soit de tous vos travaux la première beauté.
Pourquoi dédaignez-vous les formes symétriques ?
Tout art en a besoin : regardez ces portiques,
Ces dômes saints, ce temple où résident les Dieux
Leur régularité fait le charme des yeux.
L’aimable symétrie inventa la cadence,
A mesuré les vers, et gouverne la danse.
Une nymphe veut-elle embellir ses appas ?
Aux refrains de sa voix elle accorde ses pas ;
Sans méthode, en chantant, Apollon ne peut plaire ;
La méthode au génie est toujours nécessaire ;
Mais le caprice, aveugle en ses fréquents écarts,
Méconnaît la nature, et corrompt tous les arts.

 Toutefois, loin des champs écartons la satire,
Et que, toujours pareils au sujet qui m’inspire,
Mes vers simples et doux s’échappent mollement ;
Qu’une grâce facile en soit tout l’ornement.

 Sous des astres divers doit fleurir chaque tige ;
Aux humbles végétaux que votre main dirige,