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ŒUVRES DE FONTANES.

Chez moi, de Pythagore a bravé les arrêts.
L’ail s’annonce de loin : pardonne, aimable Horace !
Thestilis aux bras nus, sans craindre ta menace,
Exprime en le broyant de piquantes saveurs
Qui raniment le goût et la soif des buveurs.
Dirai-je le persil dont nos mets l’assaisonnent,
Et le thym qu’en leur vol les abeilles moissonnent,
Le cresson qui des eaux recherche les courants,
Et l’ache et le cerfeuil aux esprits odorants ?

 Une graine est précoce, une autre est plus tardive ;
Tout nait au temps marqué sons ta main attentive.
Le pois, se confiant aux premières chaleurs,
Autour des longs appuis, monte et suspend ses fleurs.
Dans une enceinte à part des fosses sont creusées :
Là, comme en un berceau, par ta main déposées,
Les semences, trois ans, mûriront en secret ;
Du quatrième été quand l’astre reparait,
L’asperge en s’allongeant livre enfin ses prémices,
Et promet à ton goût de nouvelles délices.
Son fruit, grâce à tes soins, peut renaître vingt ans.

 Tout l’éclat d’un parterre expire en peu de temps ;
Un soleil, une aurore en flétrit la richesse ;
L’éclat du potager reverdira sans cesse.
Ses fleurs ont moins d’attraits ; leur sein, moins émaillé,
Des sept rayons d’Iris ne s’est point habillé ;
Mais leur couleur moins belle en est moins fugitive ;
Zéphir les aime aussi, Flore aussi les cultive ;
Leur calice en s’ouvrant boit les eaux du matin.