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LA MAISON RUSTIQUE.

Est-il un sol plus riche ? Est-il un ciel plus doux ?
Sans cesse, en parcourant ces plaines fortunées,
Des Alpes aux deux mers, du Rhin aux Pyrénées,
Vous changez de terrain, de climats, de saisons ;
La Neustrie a pour vous étendu ses gazons,
De la riche Angleterre opulente rivale ;
J’aime des Andelys la rive pastorale,
Longtemps ma muse heureuse habita dans leur sein
Là Corneille a vécu, là naquit le Poussin.
Voulez-vous d’autres bords ? les cieux d’Occitanie
Vous rendront le soleil de la belle Ausonie ;
Qui n’admira la Loire en son cours enchanté ?
Même dans ma patrie il est quelque beauté ;
Ce brave La Trimouille y reçut la naissance ;
Là règne encor l’amour, l’honneur et la vaillance.
Et toi, qui fus témoin de mes premiers accords,
Je dois un souvenir aux nymphes de tes bords,
Ô Sèvre ! ô fleuve heureux ! je suis né sur ta rive,
Aux lieux où Maintenon à trois ans fut captive.
Ton bocage, ô Vendée, appelle aussi mon choix.
Dois-je taire Poitiers, marqué par trop d’exploits,
Vouillé, fatal au Goths, et la cité voisine
Où, du haut de sa tour, gémissait Mélusine ?

 D’un œil sûr, avant tout, observez le canton ;
Tardez à le choisir, c’est l’avis de Caton :
Examinez, dit-il, quel chemin vous y mène,
S’il y règne un vent pur, s’il y coule une eau saine,
Surtout, si des voisins les tranquilles penchants
Vous assurent la paix qu’on cherche dans les champs.