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LA STATUE DE HENRI IV.


Partout la guerre est assoupie,
Son glaive tombe de ses mains ;
Périsse enfin l’éclat impie
De ses triomphes inhumains !
Que, sur la colonne pompeuse,
Gravant une gloire trompeuse,
Les Arts, complices de l’orgueil,
Au pieds de la Victoire altière
Ne trainent plus dans la poussière
Les rois et les peuples en deuil.

Un plus doux spectacle m’appelle :
D’une touchante majesté
La main d’un nouveau Praxitèle
Empreint ce bronze respecté ;
De la Paix gravons-y l’emblême,
Le soc fécond de Triptolème,
Des gerbes jointes en faisceaux ;
Et que Vénus, calmant la terre,
En secret, au dieu de la guerre,
Montre le nid de ses oiseaux.

Sous un pacifique trophée,
Au bas du noble monument,
Je peins la Discorde étouffée
Qui tombe et meurt en blasphémant ;
Au-dessus, par un triple hommage,
Je couronne l’auguste image