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ŒUVRES DE FONTANES.


À LA FONTAINE DU VIVIER.


ODE.


1815.


Toi, dont l’urne féconde embellit ces prairies,
L’été quarante fois a brillé dans les cieux,
Depuis le dernier jour où tes Nymphes chéries
 Ont reçu mes adieux.

Elles n’ont point perdu leur riante parure,
Leurs bords sont aussi verts, leur cristal aussi frais ;
Et du temps destructeur l’inévitable injure
 N’a vieilli que mes traits.

La céleste Hygia, propice à ma naissance,
M’éleva près des lieux dont ta source est l’honneur ;
Ah ! rends-moi cet air pur où jadis mon enfance
 Respira le bonheur.

Ranime, s’il se peut, ma vie et mes pensées,
Comme, en ce frais vallon, cher à mon souvenir,
On voit l’herbe et les fleurs, de ton eau caressées,
 Tous les ans rajeunir.