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LA SOCIÉTÉ SANS LA RELIGION.


J’ai d’un astre ennemi signalé l’inclémence,
Je vois l’âge de fer qui pour nous recommence,
 Et j’en frémis d’horreur ;
J’ai redit des géants la révolte insensée,
Et d’un second cahos la terre menacée
 Par le ciel en fureur.

Comme ceux de la mort mes accents sont sinistres ;
Rompez votre sommeil, peuples, rois et ministres,
 Écoutez et tremblez !
Ceux qui ne croiront pas la Muse qui m’inspire,
Des débris de l’autel, du trône et de l’empire
 Tomberont accablés.

Des marais infernaux quand la peste exhalée
Eut porté dans l’Attique, autrefois désolée,
 Ses ravages impurs,
Athènes prodigua l’encens des sacrifices,
Et, calmant les enfers, vit des Dieux plus propices
 Revenir dans ses murs.

L’Athéisme effronté, peste encore plus fatale,
Jusqu’en sa source même infectant la morale,
 Fit des maux plus affreux ;
Que la Religion vienne épurer la terre,
Et, changeant les humains, désarme le tonnerre
 Prêt à fondre sur eux.