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ŒUVRES DE FONTANES.


Ne reverrons-nous point des poètes, des sages,
Sortant de leur retraite, ainsi qu’aux premiers âges,
 Pour sauver les humains ?
L’Orient ou le Nord sera-t-il leur patrie ?
Viendront-il des forêts où la docte Égérie
 Instruisait les Romains ?

Les Numa ne sont plus, Égérie est muette ;
Du haut de la montagne il n’est plus de prophète
 Qui parle aux nations ;
Ces feux qui descendaient de la céleste voûte,
Tous ces phares que l’homme implorait dans sa route,
 Ont caché leurs rayons.

Heureux qui, dans ses vers, sous un règne tranquille
Du fils d’un Pollion pourrait, comme Virgile,
 Annoncer les bienfaits,
Et qui, des demi-dieux ressuscitant la race,
Sous les pas de Thémis abolirait la trace
 D’un siècle de forfaits !

Près d’un berceau royal, espérance du monde,
Amalthée à ma voix, de sa corne féconde
 N’ouvre point le trésor ;
Cumes ne revient point, sur un ton magnifique,
Célébrer le retour de ce Dieu pacifique
 Qui tient un sceptre d’or.