De ce désordre affreux qui dira l’origine ?
Par qui fut envoyé cet esprit de ruine
Qui vint fondre ici-bas ?
Et comment voyons-nous tant de rois en démence
Jouer, comme un homme ivre, au bord du gouffre immense
Ouvert devant leurs pas ?
C’est qu’on a négligé les antiques maximes,
C’est que des passions tous les freins légitimes
Sont brisés par le temps ;
C’est qu’on abandonna cette ancre protectrice,
Par qui la Foi divine a fixé le caprice
De nos vœux inconstants.
Sur la religion les cités s’établissent,
Et partout, des cités, où ses lois s’affaiblissent,
Le déclin est venu ;
L’excès des maux succède à l’excès des blasphèmes,
Et le sage et le fort tombent frappés eux-mêmes
D’un délire inconnu.
Oui : dès que notre min, par l’orgueil égarée,
Voulut toucher la pierre éternelle et sacrée,
Fondement des états,
L’édifice à grand bruit en trembla jusqu’au faite,
Et l’effroi de sa chute a fait courber la tête
Des plus fiers potentats.
Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/277
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
ŒUVRES DE FONTANES.