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MORT D’UN ENFANT ET D’UN VIEILLARD.

C’est quand il eut vidé la coupe toute entière,
  Qu’il sortit du festin.

Mais, ó douleur ! son fils, sa première espérance,
N’ouvrit les yeux au jour que pour les refermer ;
Rachel, détrompe-toi ! ce qui fait ta souffrance
  Doit plutôt la calmer.

Ton fils peut-être échappe à des peines amères ;
Plus tard au sort commun il était réservé ;
Peut-être les combats, détestes par les mères,
  Te l’auraient enlevé.

Eût-il des passions évité le délire ?
Plus le voyage est long, plus il est dangereux ;
Il était homme enfin, et quel homme a pu dire :
  Mes jours furent heureux.

Vois-tu ce voile blanc, pur comme l’innocence ?
Du bonheur de ton fils il te donne la foi ;
De cet ange nouveau l’invisible présence
  Veille à jamais sur toi.

Qu’importe, sous la tombe, à des os en poussière,
D’avoir compté le cours d’un siècle ou d’un soleil ?
Des enfants, des vieillards, au bout de la carrière,
  Ici l’âge est pareil.