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ODE.

Sous l’ombre épaisse il se retire,
Et sans témoins, cherchant ma lyre,
Il me la rend d’un air discret :
Je chante, et des vers qu’il m’inspire
L’Amitié seule a le secret.

Au bord de ce fleuve limpide,
Le long de mes prés toujours verts,
Si quelque rimeur insipide
Portait son orgueil et ses vers ;
Qu’en faisant leur ronde fidèle,
Mes Pénates en sentinelle
L’écartent d’un bras redouté,
Même quand la troupe immortelle
Dans l’Institut l’eût adopté !

Mais si Joubert, ami fidèle,
Que depuis trente ans je chéris,
Des cœurs vrais le plus vrai modèle,
Vers mes champs accourt de Paris,
Qu’on ouvre ! j’aime sa présence ;
De la paix et de l’espérance
Il a toujours les yeux sereins ;
Que de fois sa douce éloquence
Apaisa mes plus noirs chagrins !

Et si, de ses courses lointaines,
Châteaubriand vient sur ces bords,
Muses de Sion et d’Athènes,