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L’ENLÈVEMENT DU PAPE.

Et cependant, au bruit des autels qui succombent,
 Des empires qui tombent,
Les mortels endormis ne se réveillent pas !

Malheur à nous ! malheur à la race naissante !
De sa fécondité la mère gémissante
Ne voit pour ses enfants qu’un affreux avenir ;
L’heure approche, et le siècle, aveuglé par les sages
 Rit de tous nos présages,
En niant le Dieu même armé pour nous punir.

Ainsi quand Jéhovah, cessant de faire grâce,
Voulut sur les Hébreux accomplir sa menace,
Leur orgueil jusqu’au bout refusa de ployer ;
La foudre en vain grondait sur le front des perfides
 Leurs fureurs déicides
Méconnaissaient la main prête à les foudroyer.

Il fut pourtant rempli, l’oracle trop fidèle !
Le fier Juda, vaincu jusqu’en sa citadelle,
Reçut, au jour marqué, son juste châtiment ;
Et ses fils, dont la race est en tous lieux flétrie,
 Sans autel, sans patrie,
Sont du courroux divin l’éternel monument.