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L’ENLÈVEMENT DU PAPE.

Et Rome, en implorant les vengeances divines,
 Du haut des sept collines
Tend ses augustes bras vers les cieux irrités.

Ô scandale ! Ô forfaits réservés pour notre âge !
Le Hun déprédateur eut jadis moins de rage,
Lui qui changea l’Europe en un vaste tombeau,
Lui qui, sur les débris des villes embrasées,
 Des couronnes brisées,
Osait du ciel vengeur se nommer le fléau.

Le Pontife de Rome, arrêtant le barbare,
Fit du moins respecter les droits de la tiare,
Et la religion, et le Dieu son appui ;
Seul il osa marcher sous leur garde invisible,
 Et le prêtre paisible
Vit les glaives païens s’abaisser devant lui.

Des chrétiens, ses enfants, ont eu moins de noblesse :
Ils ont d’un vieux pontife outragé la faiblesse ;
Par eux ses cheveux blancs d’opprobre sont couverts
En vain brille à son front le triple diadême,
 Devant qui le Ciel même
A fait dix-huit cents ans prosterner l’univers !

Hélas ! de ses bienfaits lui-même est la victime.
Il couronna le front de l’ingrat qui l’opprime ;
Charlemagne et Pépin en rougissent pour nous.