La plainte à tes accents convient seule aujourd’hui ;
Ô Muse, de mon âme interprète fidèle,
D’un chant triste comme elle
Viens flatter son ennui.
Il est passé le temps des aimables chimères !
Redis-moi du malheur les leçons trop amères,
De tant de vœux trompés fais rougir mon orgueil ;
Aide, affermis mes pas, d’une voix intrépide,
Sur la pente rapide
Qui m’entraîne au cercueil.
La vieillesse déjà vient avec les souffrances ;
Que m’offre l’avenir ? de courtes espérances ;
Que m’offre le passé ? des fautes, des regrets.
Tel est le sort de l’homme, il s’éclaire avec l’âge ;
Mais que sert d’être sage,
Quand le terme est si près ?
Le passé, l’avenir, le présent, tout m’afflige ;
La vie à son déclin et pour moi sans prestige,
Dans le miroir du temps elle perd ses appas.
Plaisirs, allez chercher l’amour et la jeunesse ;
Laissez-moi ma tristesse,
Et ne l’insultez pas.
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MON ANNIVERSAIRE.