J’ai vu de notre foi le signe rétabli.
Ô spectacle touchant ! après un long orage,
La Pénitence aux yeux en pleurs
Montait vers Beitaram en traversant l’ombrage
Des sapins aux sombres couleurs ;
L’azur des plus beaux cieux rayonnait sans nuage,
Et tenant des gerbes de fleurs,
Des vierges, des enfants répandaient au passage
Les roses et les lis, emblèmes du jeune âge
Et de ces innocentes mœurs
Qui du hameau sont l’apanage.
Devant eux s’avançait un prêtre respecté :
Trois ans on poursuivit sa tête octogénaire ;
Trois ans, parmi ces rocs, errant, persécuté,
Il y brava l’exil, la mort et la misère.
Quelquefois d’un autre écarté
S’échappant au milieu de la nuit solitaire,
Il venait, sans témoins, pleurer en liberté
Sur les débris de ce calvaire
Qu’avait détruit l’impiété.
Enfin il ne craint plus l’œil de la tyrannie ;
Paré de ses malheurs et de ses cheveux blancs,
Dans ce jour solennel il conduit à pas lents
Les pâtres du Béarn et de l’Occitanie,
Les fiers Aragonais, les riches Catalans,
Pèlerins accourus pour la fête bénie.
Et l’air retentissait d’une sainte harmonie ;
Le doux bruit des hymnes divins
Se prolongeait au loin dans ces roches profondes,
Et le long de ce gave aux écumantes ondes
Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/209
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
ŒUVRES DE FONTANES.