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LES PYRÉNÉES.

 Assigner les ages divers
 De leur diverse architecture ?
Ô sage de Montbard, aux traits de ton flambeau,
Conduis-moi sur tes pas dans le sombre berceau
 Et du temps et de la nature !
Si j’en crois tes leçons, ces rocs sont composés
 Des débris de l’humide plaine ;
Ces angles des vallons l’un à l’autre opposés,
Et ces coraux qu’enfante me rive lointaine,
 Et ces coquillages brisés,
Aux flancs de la colline en couche déposés,
Des pas de l’océan sont l’empreinte certaine.
 L’océan cacha dans son sein
 Les Alpes, l’Olympe, et Pyrène,
Et sur tous les climats, en changeant de bassin,
Ce Dieu, père des monts, lentement se promène.
 Pline moderne, j’applaudis
Et ta vaste pensée et ta riche éloquence ;
Croirai-je toutefois qu’au sein du gouffre immense
Ces monts voisins des cieux se sont formés jadis ?
Que de ce monde entier le verre est la substance
Et que par l’âge enfin les globes refroidis
 Perdent leur féconde puissance ?
L’imagination, bien plus que la science,
 Dicta ces systèmes hardis
 Que la tardive expérience
 Plus d’une fois a contredits.
À de si hauts secrets est-ce à nous de prétendre ?
La nature se cache, il faut la respecter,
 Et s’il est beau de la comprendre,