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ŒUVRES DE FONTANES.


LES PYRÉNÉES,

POÈME.


Haller a célébré les monts de sa patrie,
 Les Alpes ont redit ses chants ;
Sommets qui séparez la France et l’Ibérie,
Vos tableaux aussi fiers sont pour moi plus touchants
 Oh ! combien ma muse attendrie
Se plut à contempler vos fameuses hauteurs,
Où du grand Béarnais la mémoire chérie
 Vit à jamais chez les pasteurs.
Jadis, j’ai parcouru les rochers helvétiques,
 Et, sur le haut du Mont-Anvers,
 J’ai du froid palais des hivers
 Atteint les orageux portiques ;
 De loin, j’ai suivi dans les airs
Ces routes que Saussure avec peine a franchies,
Et le Mont-Blanc m’offrit ses trois têtes blanchies.
Mais que j’ai mieux aimé le bizarre cahos
De ces monts où naquit le meilleur des héros !
Que de fois, sur leur cime arrivé dès l’aurore,
J’ai rêvé jusqu’au soir au bruit des mille échos
De ces gaves fougueux qui courent à grands flots
 Vers les doux champs de la Bigorre,
 Où le dieu Pan croirait encore
Des prés acadiens habiter le repos !