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ŒUVRES DE FONTANES.

Comme il pleure aux portes du temple
Où son père est enseveli !

Enfin il descend et s’arrête :
Mais, étrangers à tous les yeux,
Il n’a plus où poser sa tête
Aux champs légués par ses aïeux.

En vain son œil cherche la place
Où brillaient, sur le haut du mur,
Les nobles chiffres de sa race,
Gravés dans l’or ou dans l’azur ;

Le nom du chevalier fidèle
Sous un nom sans lustre est caché,
Et de la tombe paternelle
Le marbre même est arraché.

Quoi donc ! après son long naufrage
Nul ami ne s’offre à ses maux ?
Ne voit-il pas à son passage
Courir du moins ses vieux vassaux ?

Pour eux, ses granges toujours pleines
S’ouvraient au milieu des hivers,
Et de son lin, et de ses laines,
Leurs enfants nus étaient couverts.