Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
ŒUVRES DE FONTANES.

Du fier Louvois dans les Cévennes
Exécutait l’ordre inhumain,

Là, mon second aïeul peut-être,
Hâtant un funeste départ,
Vers ce donjon qui le vit naître
A jeté son dernier regard.

Là, peut-être accablé par l’âge,
Cédant au poids de ses douleurs,
Il tomba sur ce roc sauvage,
Et le mouilla de quelques pleurs.

Ô discorde ! ô guerre civile !
Qui peindra tes calamités ?
Ta fureur, en crimes fertile,
De sang a couvert nos cités.

Naguère encor, dans ma patrie,
Les tribuns qu’égarait ta voix
Ont bien passé la barbarie
Et des Telliers et des Louvois.

De la concorde domestique
C’est toi qui romps les nœuds touchants
Et qui confonds la borne antique
Des héritages et des champs.