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LA MORT DU DUC D’ENGHIEN.

Ce guerrier découvre à ma vue
Un petit-fils du grand Condé.

Il entre, il voit la tour funèbre,
Les hauts murs, les portes d’airain ;
Là, son aïeul le plus célèbre
Porta les fers de Mazarin.
Mais la fortune moins contraire
Viendra-t-elle aussi le soustraire
À ces formidables créneaux ?
Non, il est seul et sans refuge ;
Malheureux ! il demande un juge,
Et n’aperçoit que des bourreaux.

Sous une toge mercenaire
Paraissent de lâches soldats,
Qui, pour un crime imaginaire,
D’avance ont signé son trépas.
Arrête, infâme Calomnie,
Cesse, en flattant la Tyrannie,
D’inventer d’absurdes complots !
Tu peux égorger l’innocence,
Mais il n’est pas en ta puissance
D’ôter l’honneur à ce héros.

C’est en soldat qu’il sait combattre
Et non en vil conspirateur ;
Un Bourbon des fils d’Henri quatre