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ŒUVRES DE FONTANES.


LA MORT DU DUC D’ENGHIEN,

ODE.


1804.


Quel bruit interrompt le silence
De ce donjon abandonné,
Où tant de fois par la vengeance
L’innocent fut emprisonné ?
À travers une nuit épaisse,
Vers ce pont fatal qui s'abaisse,
Des soldats marchent lentement ;
Et l’écho des bois de Vincennes,
Au bruit des verroux et des chaînes,
Pousse un affreux gémissement.

D’où vient cette escorte nombreuse
Qui conduit ce jeune guerrier ?
Sous cette voûte ténébreuse
Quel forfait doit-il expier ?
Il n’a point les traits d’un coupable ;
Son front, que le malheur accable,
N’en parait point intimidé ;
J’approche : ô douleur imprévue !