Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
LA BIBLE.

Le nuage tonnant qui renfermait un Dieu.
Dirai-je la colonne et lumineuse et sombre,
Et le désert témoin des merveilles sans nombre ?
Aux murs de Gabaon le soleil arrêté ?
Ruth, Samson, Débora, la fille de Jepbté
Qui s’apprête à la mort, et parmi ses compagnes
Vierge encor, va deux mois pleurer sur les montagnes ?

 Mais les Juifs aveuglés veulent changer leurs lois ;
Le ciel, pour les punir, leur accorde des rois ;
Saül règne ; il n’est plus ; un berger le remplace :
L’espoir des nations doit sortir de sa race.
Le plus vaillant des rois du plus sage est suivi.
Accourez, accourez, descendants de Lévi !
Et du temple éternel venez marquer l’enceinte.

 Cependant dix tribus ont fui la Cité sainte.
Je renverse, en passant, les autels des faux dieux ;
Je suis le char d’Élie emporté dans les cieux ;
Tobie et Raguel m’invitent à leur table :
J’entends ces hommes saints dont la voix redoutable,
Ainsi que le passé, racontait l’avenir.
Je vois, au jour marqué, les empires finir.
Sidon, reine des eaux, tu n’es donc plus que cendre !…
Vers l’Euphrate étonné, quels cris se font entendre ?
Toi qui pleurais assis près d’un fleuve étranger,
Console-toi, Juda, tes destins vont changer.
Regarde cette main, vengeresse du crime,
Qui désigne à la mort le tyran qui t’opprime.