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ŒUVRES DE FONTANES.

Vers le séjour des morts s’avançait éplorée.
L’étendard de la croix marchait devant nos pas.
Nos chants majestueux, consacrés au trépas,
Se mêlaient à ce bruit précurseur des tempêtes ;
Des nuages obscurs s’étendaient sur nos têtes ;
Et nos fronts attristés, nos funèbres concerts
Se conformaient au deuil et des champs et des airs.

 Cependant du trépas on atteignait l’asile.
L’if et le buis lugubre, et le lierre stérile,
Et la ronce, à l’entour, croissent de toutes parts ;
On y voit s’élever quelques tilleuls épars ;
Le vent court en sifflant sur leur cime flétrie.
Non loin s’égare un fleuve, et mon âme attendrie
Vit, dans le double aspect des tombes et des flots,
L’éternel mouvement et l’éternel repos.

 Avec quel saint transport, tout ce peuple champêtre
Honorant ses aïeux, aimait à reconnaître
La pierre ou le gazon qui cachait leurs débris !
Il nomme, il croit revoir tous ceux qu’il a chéris.
On dirait que, sous l’œil du Dieu qui les rassemble,
Les morts et les vivants s’entretiennent ensemble.
Vers l’infortune en deuil, de consolantes voix,
Du fond de ces tombeaux, s’élèvent quelquefois,
Et planant à l’entour, les âmes immortelles
Accueillent tous les pleurs qui sont versés pour elles.
Ô dogme attendrissant ! quel système pervers
Te rejette, et combat la voix de l’univers ?
Poètes, ramenez ces antiques usages,