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ŒUVRES DE FONTANES.

Vous remontez vers Dieu, Dieu s’avance vers vous. »
Le mourant se console, et sans terreur expire.

 Lorsque de ses travaux l’homme des champs respire,
Qu’il laisse avec le bœuf reposer le sillon,
Ce pontife sans art, rustique Fénelon,
Nous lit du Dieu qu’il sert les touchantes paroles.
Il ne réveille pas ces combats des écoles,
Ces tristes questions qu’agitèrent en vain
Et Thomas, et Prosper, et Pélage, et Calvin.

 Toutefois, en ce jour de grâce et de vengeance,
À ses enfants chéris que charmait sa présence,
Il rappela l’objet qui les rassemblait tous ;
Et, loin d’armer contre eux le céleste courroux,
Il sut par l’espérance adoucir la tristesse.

 « Hier, dit-il, nos chants, nos hymnes d’allégresse
« Célébraient à l’envi ces morts victorieux
« Dont le zèle enflammé sut conquérir les cieux.
« Pour les mânes plaintifs, à la douleur en proie,
« Nous pleurons aujourd’hui ; notre deuil est leur joie.
« La puissante prière a droit de soulager
« Tous ceux qu’éprouve encore un tourment passager.
« Allons donc visiter leur funèbre demeure.
« L’homme, hélas ! s’en approche, y descend à toute heure.
« Consolons-nous pourtant : un céleste rayon
« Percera des tombeaux la sombre région.
« Oui : tous ses habitants, sous leur forme première,